L'évaluation des performances d'un schéma de codage avec
décodage itératif par le biais de simulation du taux d'erreur
binaire nécessite souvent beaucoup de temps et de ressources.
L'etude de l'évolution de l'information extrinsèque est une
solution assez attractive. Elle permet d'analyser les performances
du schémas de codage, mais aussi de fournir une estimation du
TEB. Cette méthode a été proposée au départ par S. Ten Brink dans [16].
Lors d'un processus de décodage itératif, l'évolution de
l'information extrinsèque d'une itération à une autre permet
d'améliorer les performances de décodage. Une étude de cette
information constitue un moyen qui permet d'analyser l'évolution
des performances du processus de décodage avec les itérations.
Dans [15], Berrou et al. montrent que lorsque le
processus de décodage converge, la distribution de l'information
extrinsèque peut être modélisée par une gaussienne dont la
moyenne et la variance augmentent avec les itérations. Pour des
raisons de clarté, et par rapport aux notations que nous avons
considéré dans ce chapitre, l'information extrinsèque d'un
bit , notée
est définie dans ce paragraphe
par:
Où est l'information extrinsèque du bit définie
dans le paragraphe 4.3.2 de ce chapitre.
L'approximation de la distribution des informations extrinsèques
par une gaussienne est aussi vérifiée dans le cas d'une
concaténation série mais aussi dans le cas d'un code
convolutif concaténé avec une modulation CPM
[38]. Cette modélisation permet de caractériser
l'information extrinsèque, seulement par sa moyenne et sa
variance . La figure 4.17 montre
l'évolution de la distribution de l'information extrinsèque
à l'entrée du SISO de la CPM et celui du code convolutif dans
le cas d'une 3RC binaire avec concaténée avec le code
(7,5) et pour un rapport
.
Figure 4.17:
Evolution de la distribution de l'information
extrinsèque à l'entrée du SISO de code convolutif et du SISO
de la CPM, cas d'une 3RC binaire h=1/2, code(7.5),
Les résultats obtenus correspondent à la transmission d'un
paquet de bits de données soit bits de code.
Comme on peut le remarquer, l'approximation gaussienne est bien
vérifiée dans ce cas à partir d'un certain nombre
d'itérations, ce nombre augmente pour les faibles rapports
. En dessous d'une valeur seuil du , dite seuil
de décodage, l'information extrinsèque n'évolue plus en
fonction des itérations. Pour cette gamme de valeurs de
le processus de décodage converge vers un fini
non nul et ceci même pour une taille d'entrelaceur infinie et
après un nombre infinie d'itérations. Ce fait justifie
l'existence, sur la courbe du , d'une zone où le
n'évolue pas en fonction des itérations et du ,
gardant une valeur quasi constante, cette zone est dite zone de
non convergence. La figure 4.18 montre la distribution
de l'information extrinsèque pour une valeur du
(même forme d'onde que dans le cas
précédent).
Figure 4.18:
Evolution de la distribution de l'information
extrinsèque à l'entrée du SISO de code convolutif et du SISO
de la CPM, cas d'une 3RC binaire h=1/2, code(7.5),
Le modèle gaussien de la distribution de l'information
extrinsèque permet de définir un SNR associé à cette
information par
. Cette définition est à
ne pas confondre avec le du signal reçu. Dans
[27], un module SISO a été modélisé par un
système non linéaire dont l'entrée et la sortie sont
données par le associé à l'information extrinsèque.
La description du fonctionnement de chaque module est donnée par
une fonction de transfert qui donne le à la sortie du
module en fonction de celui à son entrée. La fonction de
transfert du module SISO CPM (respectivement SISO CC) est
définie par l'équation
(respectivement
)) comme illustré sur
la figure 4.19.
Figure 4.19:
Définition de
la fonction de transfert d'un module SISO
L'étude de l'évolution du en fonction des itérations
constitue un moyen efficace d'analyse du comportement du
décodeur. Une technique qui permet de réaliser cette étude
consiste à tracer sur un même diagramme de convergence (dit
EXIT chart) la fonction de transfert et la
fonction réciproque de la fonction de transfert notée
. Cette représentation permet de visualiser
l'évolution du suite au passage dans chacun des modules
SISO [25]. La figure 4.20 montre l'allure
de ce diagramme dans le cas de la 3RC binaire concaténée avec
le code (7,5) pour différentes valeurs du .
Figure 4.20:
Diagramme de convergence d'une 3RC binaire, h=1/2,
concaténée avec le code (7,5)
L'amélioration du ne s'effectue pas d'une façon
linéaire en fonction des itérations. Et effet, il existe une
zone, dite tunnel, dans laquelle le évolue très
sensiblement en fonction des itérations traduisant une très
faible amélioration dans le processus de décodage. Au delà
du tunnel, on remarque que le augmente de plus en plus vite
d'où une vitesse de convergence plus élevée. Le nombre des
itérations nécessaires pour traverser le tunnel (qui est
fonction de l'espacement entre les deux courbes) est plus
élevé pour les faibles . Au début du décodage on
suppose que tous les bits transmis ont la même probabilité a
priori, ainsi la valeur initial de est égale à
zéro. Par contre, la valeur initiale de
est
fonction du rapport , plus précisément c'est une
fonction croissante de ce rapport comme c'est illustré sur la
figure 4.20. On peut aussi remarquer que le
processus de décodage converge plus vite pour les valeurs
plus élevées du .
Une diminution du en dessous d'un certain seuil, dit
seuil de décodage, résulte à l'intersection des deux
courbes. A partir de ce point d'intersection, le SNR n'évolue
plus avec les itérations et les performances de décodage ne
s'améliorent plus même pour un entrelaceur de taille infinie.
Les simulations pour une valeur de
montrent que,
dans ce cas, le tunnel se ferme comme c'est illustré sur la
figure 4.21. Pour cette valeur du on
remarque que le est majoré et il n'évolue plus à
partir d'un certain nombre d'itération. Le processus de
décodage converge alors vers un taux d'erreur binaire non nul
quand on augmente le nombre des itérations. La valeur finale du
est fonction du au moment de la fermeture du tunnel.
Dans le cas de la 3RC binaire, h=1/2, concaténée avec le code
(7,5) le seuil de décodage est voisin de dB, alors qu'il
est de l'ordre de 1.05 dB dans le cas de la avec
concaténée avec le même code.
Figure 4.21:
Diagramme de convergence d'une 3RC binaire, h=1/2,
concaténée avec le code (7,5),
Un autre outil d'analyse du processus itératif consiste à
étudier l'évolution du après le passage dans les deux
SISO. Cette étude est effectuée grâce à la définition
d'un facteur de bruit (dit Noise Figure)[25] par
. Vue que le SISO CPM ne dispose d'aucune
information a priori au début du processus de décodage la
valeur initiale du facteur du bruit est égale à zéro. Cette
valeur augmente ensuite avant d'atteindre un maximum. En cas de
convergence, le facteur du bruit diminue ensuite avec les
itérations traduisant l'amélioration du en fonction des
itérations. Dans le cas contraire, le facteur de bruit continue
à augmenter avec les itérations tout en ayant une valeur
très porche de . La figure 4.22 montre
l'évolution du facteur de bruit pour la même forme d'onde
considérée précédemment et pour différentes valeurs du
.
Figure 4.22:
Evolution du facteur de bruit en fonction des
itérations dans le cas d'une 3RC binaire avec